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Foxtrot Voyages

CARNETS DE BORD DU "LAERTES" ET AUTRES NAVIRES : la mer, les côtes, les ports et quatre pas à terre...

SUR UN CARGO MIXTE JUSQU'À TERRE-NEUVE

SUR UN CARGO MIXTE JUSQU'À TERRE-NEUVE

Par Djinn & Christophe Naigeon

Huit jours sur la côte Nord du Saint-Laurent à bord du Bella Desganés, un cargo mixte qui relie des villages isolés, souvent sans aucune route, coupés du monde par la neige et de grandes distances dans des paysages splendides, presque vides d’habitants. Avec des associations soucieuses de préserver la nature et les cultures locales, se développe un tourisme respectueux des sites, des gens et des cultures, reposant sur l’immense potentiel de la côte : chasse, pêche, observation de la nature, canoë-kayak, randonnées, raids et bivouacs en forêt, motoneige et ski de fond, connaissance de la culture des Innus, plantes médicinales... Ici, tout est possible. En suivant la tournée du Bella Desgagnés, nous voulons partager avec vous la beauté de cette région, de la richesse de ses habitants, des espoirs de cette côte qui se découvre d’escale en escale.

Jour 1 : RIMOUSKI

Avant de traverser l’estuaire

Tout a commencé par la route. Avec deux trains par semaine, mieux valait faire en voiture les quelque 350 kilomètres de Québec-ville à Rimouski. Temps radieux. L’ancienne ville en bois a presque totalement brûlé dans les années cinquante à cause d’un incendie dans une forêt un peu trop proche, mais la ville reconstruite a tout de même un charme tout droit sorti de notre imaginaire nord-américain : rues larges, végétation omniprésente, maisons en briques peintes de vif, ou en bois avec terrasses à rocking-chair, petits immeubles, petites galeries marchandes abritées pour les rigueurs de l’hiver...

La marée qui descend dans l’estuaire laisse découvrir une berge plate couverte d’herbiers marins et une impressionnante quantité de cailloux affleurants qui font froid dans le dos à tout navigateur. Mais le Bella Degagnés qui s’approche reste bien dans le chenal.

En attendant notre embarquement prévu vers 20 heures, nous poussons à quelques kilomètres vers l’aval, à la Pointe-au-Père, haut lieu de l’histoire maritime québécoise.

LE TITANIC CANADIEN

D’abord, un phare qui se visite et offre une belle vue sur la baie de Rimouski et l’estuaire, et une Maison de la corne de brume, mini-musée qui montre les moyens employés pour envoyer des signaux sonores aux bateaux aveugles : canon, explosifs, énormes cornes que l’on sonne avec des compresseurs impressionnants.

Un musée tout neuf, inauguré pour le 100e anniversaire de la Grande Guerre, raconte la vie dans les provinces maritimes dans ces années-là, mais, pour les marins, le plus impressionnant est sans aucun doute le musée consacré au Empress of Ireland, qui fit naufrage devant Rimouski quelques mois avant le déclenchement de la guerre de 1914. Éperonné par un cargo un soir de brume, ce “Titanic canadien” a coulé en moins de deux minutes, faisant un millier de ­victimes. Mais l’Histoire allait offrir aux journaux d’autres événements. Et ce navire sombra une seconde fois, dans l’oubli. Des recherches d’archéologie sous-marine ont permis de recueillir assez d’objets pour faire une exposition passionnante.

UN SOUS-MARIN DE LA GUERRE FROIDE

L’autre curiosité est un sous-marin de 90 mètres, le Onondaga désarmé dans les années 2000 après avoir joué son rôle dans la Guerre Froide. La visite audio-guidée en vaut la peine pour confirmer que la vie en surface est préférable : promiscuité, étroitesse de toute chose, confinement, silence absolu dans les moments de danger...

Le soir venu, il est temps de nous rendre sur le quai d’embarquement. Sous les projecteurs oranges, la grande grue du Bella Desgagnés charge les conteneurs sur la moitié arrière du bateau réservée à la cargaison. Il va ravitailler les ports de la Côte Nord du Saint-Laurent, dont certains villages qui n’ont pas de route d’accès. Jusqu’à Blanc-Sablon, son terminus à la frontière du Labrador, à deux pas de Terre-Neuve, il est – sauf pendant trois mois de gel intense qui rend la navigation impossible entre janvier et fin mars – il est partout attendu avec impatience, une fois à l’aller, une fois au retour, dans sa rotation d’une semaine.

EMBARQUEMENT IMMÉDIAT

Les passagers embarquent par la coupé. Nous sommes moins de dix, sur ce bateau tout neuf, qui remplace un prédécesseur mythique, le Nordik Express, folklorique mais bien fatigué. Le Bella ­Desgagnés, mis en service il y a un an et demi, peut embraquer 381 passagers dont 160 en cabine. Les autres voyagent dans des salons à sièges-couchettes pour une nuit ou deux, ce qui est souvent le cas, dans cet autobus maritime.

On regarde les lumières de Rimouski s’éloigner. Le Bella glisse dans un silence total sur une eau à peine agitée par un petit vent de sud-ouest qui suit le cours du Saint-Laurent. C’est parti pour 11 h 30 de traversée jusqu’à Sept-Îles, première escale de la Côte Nord du Saint-Laurent, sur les traces de Jacques Cartier.

© Djinn & Christophe Naigeon

SUR UN CARGO MIXTE JUSQU'À TERRE-NEUVE
SUR UN CARGO MIXTE JUSQU'À TERRE-NEUVE
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