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Foxtrot Voyages

CARNETS DE BORD DU "LAERTES" ET AUTRES NAVIRES : la mer, les côtes, les ports et quatre pas à terre...

À LA VOILE DE LA TERRE DE FEU À L'ANTARCTIQUE - ÉPISODE 1

À LA VOILE DE LA TERRE DE FEU À L'ANTARCTIQUE - ÉPISODE 1
ÉPISODE 1 :
DANS LE CANAL DE BEAGLE

Ushuaia. Formalités de départ du territoire argentin. Nous quittons la ville la plus australe d’Argentine. Puerto William, bourgade chilienne encore plus au sud dans la course à l’“australité” que se livrent les deux pays. Formalités d’entrée au Chili au cas où nous devrions nous abriter dans les îles Wollaston, dernier mouillage possible avant le Cap Horn.

Vaihéré, ses vingt-quatre mètres et ses cinquante tonnes d’acier sont rassurants. Ce qui ne retire rien à l’émotion de la douzaine de passagers et membres d’équipage qui s’apprêtent à faire le plongeon dans l’aventure du Grand Sud.

La descente du Beagle continue. Puerto Toro, petit village de pêcheurs et de militaires. Une épave échouée sur un récif. C’est le Logos, - la Parole ! – ancien bateau-bibliothèque des Mormons. Dieu est parfois taquin.

TROIS CAILLOUX PELÉS TRÈS CONVOITÉS

Au sortir du Canal de Beagle, défilent les ilots Picton, Isla Nueva et Lennox. Argentins et Chiliens menacèrent un temps de s’étriper pour posséder ces trois cailloux pelés, mais stratégiques qui ferment le détroit. Il fallut l’arbitrage du Pape !

Quelque soixante milles parcourus et s’ouvre la baie de Nassau. La mer est anthracite et blanche de moutons, la côte grise et vert pâle. La seule présence humaine permanente est assurée aux Wollaston par le gardien du phare du Cap Horn et sa famille, dans une cabane solidement haubanée au sommet de l’île pour éviter un fatal positionnement… encore plus austral.

LA VIE À BORD S’ORGANISE

Comme envisagé, nous devons passer la nuit au mouillage à Caleta Martial derrière l’île chilienne de Herschel pour laisser passer une dépression.

La vie à bord s’organise, chacun à mis en place son petit confort, pris possession de sa bannette - un lit confortable - dans la cabine qu’il partage avec un(e) coturne.

Les règles de vie commune ont été édictées par le capitaine Éric Dupuis : cuisine, plonge, nettoyage se font sur la base de la bonne volonté de chacun. En revanche, la participation à la marche du navire est obligatoire, les quarts se font par binômes qui se relaient à la barre. L’assemblage des individualités s’est fait en respectant autant que faire se peut affinités et souci de niveler les niveaux de pratique de barre.

Demain, le Cap Horn ! On s’endort en en rêvant.

DU CAP HORN EN PASSAGE DE DRAKE

Le matin, Vaihéré contourne l’île Deceit, s’élance, laisse sur tribord l’imposante silhouette du Cap Horn et pique au sud dans le Passage de Drake. On ne joue plus, les choses sérieuses commencent. La mer est agitée sur le plateau continental qui baisse doucement de 20 à 200 mètres au cours des vingt premiers milles. Poussée par 35 nœuds de vent, la goélette tape dans une forte houle latérale. Quelques estomacs encore peu amarinés s’en émeuvent…

Puis, rapidement, le sondeur jette l’éponge. Les fonds du passage de Drake sont un “boulevard” de 400 milles de large sur et de 4 000 mètres de profondeur, comme s’il avait été terrassé par ce bulldozer qu’est le courant circumpolaire qui fonce d’ouest en est avec la force de six-cents Amazones… soit 135 millions de mètres cubes par seconde si cela vous dit quelque chose…

QUATANTE-HUIT HEURES DE BASTON !

À bord, ceux qui espéraient voir se calmer la houle dans les grands fonds sont déçus. Une dépression musclée la creuse encore ! Le bateau – qui paraît soudain bien petit – se fait bastonner et nous avec dans son giron ! S’en suivent 48 heures de grande solitude morale pour une partie de l’équipage…

Enfin le vent se calme, le bateau glisse sur une mer plus clémente, accompagné de temps en temps par des albatros ou des pétrels qui planent au ras des flots. Récompense.

La vie du bord se met en place, rythmée par les prises de quart. En dehors de cette période d’action et de veille sur le pont chacun tue le temps qui s’étire comme il peut : lecture, discussion, sieste, écoute de musique ou même... pâtisserie !

À suivre…

Guy Brevet, navigateur-reporter de Foxtrot-Voyages

À LA VOILE DE LA TERRE DE FEU À L'ANTARCTIQUE - ÉPISODE 1
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